SRDB, des avocats maîtres dans l’art du rayonnement international

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Le cabinet d’avocats SRDB sis à Marseille et Paris vient de conclure de nouvelles alliances avec Jingsh Law Firm et Al Thani Law Firm, deux structures homologues, basées en Chine et au Qatar. Par là-même, il renforce sa stratégie : accompagner les entreprises sur des marchés internationaux prometteurs, mais réputés difficiles d’accès.

C’est un réseau qui n’en finit pas de s’étendre. France, Algérie, Liban, Syrie, Côte d’Ivoire, Cameroun, Égypte, Chine en avril dernier, Qatar cet été, le cabinet d’avocats SRDB, présidé par Georges Sioufi et spécialisé dans les affaires juridiques internationales, a peaufiné au fil du temps une stratégie spécifique : nouer des alliances avec ses homologues hors des frontières, partager des locaux ensemble pour mieux rayonner. Notamment sur des marchés réputés difficiles d’accès. « Ce qui nous permet de représenter les clients de ces cabinets dans les pays où nous sommes implantés, et vice-versa. Nous nous occupons de deux types d’actions : tout d’abord l’accompagnement juridique, plus précisément la signature des contrats et la sécurisation des interventions, mais aussi le lobbying, ce pour permettre aux entreprises européennes de s’intégrer dans un tour de table étranger. » Ses alliances permettent notamment au cabinet SRDB d’accompagner les entreprises désireuses de candidater à des appels d’offres. « En Chine par exemple, ces derniers sont aujourd’hui libéralisés… et les étrangers sont bienvenus. Ils peuvent s’illustrer dans de nombreux domaines : infrastructures, distribution d’eau chaude et de chauffage dans des villes entières… Les Chinois sont également très demandeurs de nouvelles technologies en matière d’énergies alternatives, comme l’éolien par exemple. Et Jingsh Law Firm, avec lequel nous sommes à présent associés, peut faire in situ la synthèse de ces appels d’offres. »

Des nouvelles routes de la soie sous la défiance des pays industrialisés

Depuis avril dernier, SRDB partage donc des bureaux communs avec son homologue et allié chinois à Paris, Marseille, Pékin et Shanghai. « Il compte près de 2 400 avocats, mais c’est un cabinet que l’on pourrait qualifier de sino-chinois. Ils ne sont en effet pas très introduits à l’international… Ils veulent donc se donner une ouverture sur l’étranger grâce à ce partenariat. » Une stratégie sans doute payante à l’heure de la concrétisation de Belt and Road Initiative (en français dans le texte, l’initiative la ceinture et la route), amorcée par le président Xi Jinping. « La Chine a beaucoup d’excédent. Elle a décidé de ne plus l’investir dans des bons du Trésor américain, mais plutôt dans des grands projets d’infrastructures. C’est certes plus risqué, mais cela peut apporter énormément à la Chine, non seulement en termes d’image, mais aussi de sécurisation des imports chinois de matières premières, par voies ferrées et maritimes. » Charbon, minerai de fer, cuivre, pétrole et autres aciers provenant notamment d’Afrique excitent en effet l’appétit d’acquisition de l’Empire du Milieu. Justement, les signatures de MOU (Memorandum of undestanding) entre la Chine et les États africains se multiplient, condition préalable au lancement de travaux d’investissement relevant de Belt and Road Initiative. 70 MOU ont donc été signés avec autant de pays concernés, la plupart en Asie du Sud-Est, en Asie centrale, au Moyen Orient, en Afrique du Nord… « En revanche, il n’y a pas de MOU avec la France. La seule chose ancrant officiellement la coopération sino-française, c’est une déclaration conjointe Emmanuel Macron et Xi Jinping, faite en janvier à l’occasion de la visite du Président français en Chine. Cette déclaration comprend 27 points, mais seulement deux lignes sur Belt and Road Initiative. Et elles actent le principe de bénéfice mutuel devant se mettre en œuvre… car la France et les autres pays industrialisés n’ont pas besoin du concours de la Chine pour construire des infrastructures ! Ils voient même avec une certaine méfiance l’intrusion de ces entreprises asiatiques, débarquant sur leur sol pour les projets qui les concernent. » Face à ces réflexes, une seule réaction prévaut : rassurer les politiques. Sans doute ce à quoi s’était employé l’ambassadeur de Chine en France, Zhai Jun, lors de la signature de l’accord entre le GPMM et le port de Shanghai… « Avec Belt and road initiative, la Chine souhaite contribuer à la croissance des pays riverains. Les nouvelles routes de la soie doivent se faire dans la co-construction. Tous les États qui participent à cette initiative sont égaux, leur dignité et leur liberté seront respectées. La Chine n’imposera pas son mode de développement aux autres pays, ce qui ne génèrerait que des conflits. L’ouverture doit se faire dans les deux sens, permettre une interconnexion des flux financiers et commerciaux, générer des investissements croisés. Pour ce faire, le gouvernement de Xi Jinping envisage de mettre en place une série de mesures tournées vers l’environnement, une baisse des droits de douane, une amélioration des conditions d’investissement, un renforcement de la propriété intellectuelle. Certaines de ces mesures sont déjà réalité », avait-il alors martelé.

Intervenir sur les projets d’infrastructures

La défiance de l’État français n’empêche pas certains décideurs de conclure des accords spots sur le plan local, comme c’était justement le cas entre le GPMM et le port de Shanghai. « Autre exemple, la ligne de chemin de fer qui relie la ville de Wuhan, sise dans la province de Hubei, à l’Europe en passant par Lyon. Un trajet d’une quinzaine de jours, contre une quarantaine par voie maritime… Idem en Allemagne avec la ligne Duisbourg – Chongqing, soit 12 jours de train au lieu de 45 par paquebot, ce qui est attractif, même si le coût du transport est deux fois plus cher. Ainsi chaque semaine, 30 trains chinois arrivent à Duisbourg et traversent ainsi les steppes d’Asie centrale »… Toutefois, SRDB n’intervient pas sur ces accords « opportunistes, rattachés à Belt and Road Initiative pour d’évidentes raisons de communication. Notre cabinet a davantage vocation à agir dans des pays où nous sommes implantés, et où des MOU ont été signés : Égypte, Iran, Algérie… Là-bas, les projets sont innombrables. » Ainsi en Égypte, la majeure partie des travaux sur le corridor du canal de Suez est financée par l’Empire du Milieu. Idem pour la ligne à grande vitesse Assouan-Le Caire-Alexandrie… Par ailleurs, au Moyen Orient, « la Chine commence à se poser des questions sur son comportement avec l’Iran, qui est son 4e fournisseur de pétrole ». Doit-elle passer outre les sanctions américaines pour y muscler ses investissements ? A savoir qu’un MOU a là aussi été signé avec l’Iran en 2016… Dans son sillage, se sont amorcées notamment la construction d’une centrale hydroélectrique, une ligne à grande vitesse vers Ispahan ou encore l’exploitation de gisements gaziers à South Pars. « C’est donc sur cette typologie de projets que nous intervenons : nous assistons ceux qui peuvent se positionner sur ces projets d’infrastructures. Il s’agit d’entreprises chinoises, mais pas seulement : les Européens peuvent se rallier à ces dernières pour faire ensemble acte de candidature, ils sont accueillis bien volontiers par les pays signataires, rassurés par leur présence. »

Quelles opportunités au Qatar ?

Le Qatar s’intéresse lui aussi grandement à Belt and Road Initiative, explique Minas Khatchadourian, président de la chambre d’arbitrage du Qatar chargé de l’interface avec le cabinet Al Thani Law Firm, lequel vient donc de contracter un partenariat avec SRDB. « Plusieurs sociétés étatiques chinoises sont déjà présentes chez nous, et travaillent sur des grands projets, mais il faut faire attention : dans les contrats, les Chinois emploient parfois des tournures de phrases équivoques. Et en cas de différend, ils disent qu’ils avaient compris les termes de l’accord autrement… Ils ont une appréhension des contrats qui leur est propre. Il faut donc être très vigilants au moment où on formalise les choses, et ce n’est pas donné à tout le monde de savoir rédiger des actes juridiques impliquant des parties chinoises. » Sans doute l’accord conclu entre SRDB et le cabinet de Pékin a pesé dans la balance au moment du choix d’un partenaire français, pour le cabinet Al Thani. « Ils ont approché plusieurs structures de l’Hexagone avant de jeter leur dévolu sur la nôtre », appuie Georges Sioufi. Mais le cadre de l’accord stratégique impliquant les deux cabinets va bien au-delà de celui des nouvelles routes de la soie… « Il renforcera notre développement international. Notre cabinet au Qatar compte de nombreux clients fortunés qui recherchent des investissements en Europe dans l’immobilier, les hôtels et les nouvelles technologies ou qui recherchent des partenariats locaux avec des investisseurs et opérateurs étrangers. Nous croyons que notre nouvel accord sera utile pour fournir les meilleurs services à nos clients », déclare ainsi Sheikh Al Thani, le fondateur du cabinet Al Thani Law Firm. Cela permettra également aux clients français de SRDB de répondre aux opportunités d’affaires sur le territoire du prochain hôte de la Coupe du monde de football 2022. D’autant que dans ce cadre, le Qatar dépense déjà plusieurs centaines de millions de dollars par semaine pour des infrastructures qui vont de la construction à l’immobilier, en passant par le tourisme et les nouvelles technologies… Cerise sur le gâteau, le pays réforme peu à peu son droit commercial, comme l’illustre la mise en place du « Centre international de conciliation et d’arbitrage du Qatar », visant à améliorer l’environnement des affaires et garantir un environnement juridique sécurisé. Ou encore ce projet de loi autorisant les investisseurs étrangers à détenir 100% des intérêts d’une structure dans la plupart des secteurs… Ainsi, en s’alliant au cabinet qatari, SRDB fonde sur l’avenir. Ce n’est pas un vain mot : très prochainement, Georges Sioufi devrait également contractualiser de nouveaux accords en Turquie.

Carole PAYRAU

Parution :
DESTIMED, 11 septembre 2018

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